Cas clinique succinct en bilan running – Tendinopathie d’Achille chez un jeune sportif
Contexte :
Un jeune sportif, souffrant de tendinopathies chroniques des tendons d’Achille, a réalisé un bilan running suivi d’un contrôle une semaine après. Deux analyses biomécaniques du pied gauche ont ainsi été réalisés avec capteurs de course, une paire de semelle orthopédique est portée au cours des deux enregistrements. Ce bilan a révélé des anomalies biomécaniques susceptibles de favoriser ses douleurs tendineuses et l’évolution des mesures après une semaine de mise en application des conseils.
Résultats Clés :
- Vitesse angulaire excessive lors de la première analyse (-440°/s) et modérée à la deuxième (274°/s), indiquant une attaque de pied agressive initialement, qui s’est légèrement corrigée ensuite.
- Pronation marquée avec une amplitude de 12° lors de la première analyse, réduite à 6° à la deuxième, signalant une adaptation partielle dans le but de réduire la charge sur le pied.
- Rigidité des membres inférieurs réduite au cours de la deuxième analyse (3.1 kN/m contre 5.0 kN/m), montrant une tentative de diminution de l’impact au sol.
- Attaque avant-pied prononcée (9° à 10°) à chaque impact lors de la première analyse, plaçant une charge accrue sur le tendon d’Achille, contre une deuxième analyse en médio-pied.
Préférences Motrices :
Après un bilan des préférences motrices, il s’avère que ce jeune sportif possède un profil de « terrien », mais ses données révèlent un comportement plutôt « aérien » dans sa technique de course. Cette discordance est significative dans la compréhension de ses douleurs.
- Profil terrien : Les coureurs terriens privilégient habituellement une attaque talon/médio-pied, avec une phase d’appui plus longue au sol et un usage optimal de la chaîne antérieure pour absorber et redistribuer les forces. Cela diminue la tension sur le tendon d’Achille et permet une propulsion plus stable.
- Comportement aérien : En revanche, ses analyses montrent une attaque avant-pied marquée, typique des coureurs aériens, avec une vitesse angulaire élevée et une rigidité plus importante (5.0kN/m). Ce style plus « rebondissant » impose une charge plus importante sur le tendon d’Achille, amplifiant les microtraumatismes, responsables des douleurs chroniques.
Interprétation :
Le patient souffre d’une discordance entre son profil moteur naturel (terrien) et son comportement en course (aérien), générant une surcharge sur son tendon d’Achille. En cherchant à courir avec un style aérien (vitesse d’impact rapide, forte pronation et attaque avant-pied), il sollicite davantage ses tendons que ses muscles, augmentant ainsi les risques de tendinopathie par excès de rigidité.
Recommandations :
- Modification de la technique de course, visant à rétablir un style plus terrien, avec une attaque médio-pied, une cadence moins élevée, et une réduction de la phase de vol avec un peu plus de flexion.
- Renforcement des muscles de la cuisse pour améliorer le tonus musculaire des membres inférieurs et la capacité de flexion.
- Renforcement spécifique de la chaîne antérieure, combiné à des exercices de mobilité pour améliorer l’absorption des forces par les muscles, plutôt que par les tendons.
Conclusion :
Ce cas clinique illustre l’importance de l’adéquation entre les préférences motrices naturelles et la technique de course. En identifiant et en corrigeant les comportements moteurs inadaptés, il est possible de réduire la surcharge tendineuse et d’améliorer la performance globale du coureur tout en prévenant les blessures.